Un film qui a certes vieillit mais qui conserve beaucoup d'intérêt
Le Roi des Singes est l’un des rares animes Chinois à nous être parvenu. Ce classique est, avec Le Prince Nezha, l’un des seuls films de cette catégorie à nous être (relativement) facilement accessible.
Un film ancré dans la culture Chinoise
Si vous espériez trouver dans cet anime un dessin animé à la mode Disney, vous risquez fort d'être déçu. Si au contraire vous vouliez vous plonger dans la culture de l'empire du milieu, alors ce film va vous séduire !
Non seulement l'histoire a pour cadre une légende chinoise (mais Mulan aussi par exemple, sans pour autant que celui-ci ne soit une porte ouverte vers la Chine, mais plutôt tout juste un entrebâillement…) mais la forme fait en permanence référence aux arts et traditions chinoises.
La référence la plus frappante de prime abord est sans nul doute celle faite au théâtre Chinois. La musique tout particulièrement est caractéristique de ce mode d'expression. Les bruitages sont inexistants et l'action est rythmée par ce concert traditionnel. Même le chant des sœurs chargées de venir cueillir les fruits dans le jardin du palais est très proche de ce que l'on peut entendre au théâtre Chinois…
En ce qui est des personnages c'est à un véritable foisonnement des héros légendaires Chinois que l'on assistera. Outre les dragons, le Roi des Singes, Bouddha, Lao Tseu, on aura même droit à une apparition de Nezha…
Le chara-design nous propose également des personnages typiquement Chinois en costumes traditionnels. Les dessins en général (ceux des dragons, des singes et des Dieux par exemple, ou encore les nuages et les vagues) ne peuvent que faire penser aux miniatures Chinoises...
Une histoire intéressante, et… dangereuse à l'époque de la révolution culturelle !
L'histoire en elle-même est très intéressante, dynamique et rythmée (même si au final peut être un peu longue). Ce singe qui se rebelle contre une autorité qui cherche à se débarrasser de lui somme toute injustement peut nous amener à nous poser bien des questions. Le rapport au pouvoir est ainsi indirectement abordé : droit à la différence et à l'indépendance, volonté de contrôle et de puissance des gouvernants, manipulation et violence des autorités envers les insoumis… On retrouve même les traditionnels "faucons" et "colombes" dans les conseillers de l'empereur. Un héros qui ne cherche qu'à vivre heureux et en paix au milieu des siens et que le pouvoir va chercher à écraser car il ne respecte pas ses standards. Luttes d'influence et de pouvoir qui se terminent par la victoire du singe qui a si peut de respect pour l'étiquette sur l'autorité…
A partir de là il n'est pas étonnant que lorsque Mao Ze Dong lance la révolution culturelle en 1966 l'opprobre soit jetée sur cette œuvre…
Un vénérable ancêtre…
D'un point de vue purement technique il faut malgré tout bien avouer que l’anime a quelque peu vieilli et peut même paraître aujourd'hui un peu kitsch, bien que reprenant avantageusement le style des peintures chinoises…
Avec une seule couche d'animation (un nombre limité de personnages se déplaçant sur un fond complètement fixe, y compris pour les personnages secondaires) et quelques problèmes de réalisation (dans la superposition des décors et des parties animées, la gestion des avants/arrières plans, voire des problème de superposition avec une séparation trop tranchée et visible entre parties animées et fixes…) cet anime, du point de vue de la réalisation, n'est pas loin de faire penser aux cartoons d'avant guerre. Les couleurs sont souvent très tranchées et mates, et pour tout dire pas toujours du meilleur goût.
Le Prince Nezha, réalisé plus tard par le même studio, est d'un point de vue technique beaucoup plus achevé. Il reprend également à son avantage un chara-design dans la tradition Chinoise mais gomme bon nombre de soucis de réalisation.
Malgré tout la mise en forme est loin d'être mauvaise, surtout pour un film d'un âge si respectable ! Et l'intérêt de l'intrigue fait oublier bien vite les défauts de réalisation.
A découvrir !
Pour tous les amoureux de la culture Chinoise, tous ceux à qui un peu de réflexion et d'ouverture d'esprit ne fait pas peur, on ne peut que conseiller ce film !
Les Dieux en sont tombés sur la tête
Quel bonheur de redécouvrir de temps à autre la joyeuse naïveté d'œuvres d'animation d'antan. Que ce soient les premiers Disney, les animes japonais ou ce film d'animation chinois, le spectateur se voir irrémédiablement transporté dans le temps à une époque pourtant pas si lointaine, mais déjà tellement désuète.
C'est ainsi, que ce "Roi Singe" s'ouvre sur une très belle parade joyeuse au royaume des singes, parfaitement animée, aux personnages immédiatement identifiables et sympathiques, où seules les sonorités orientales enlèvent l'illusion d'être devant une œuvre particulièrement maîtrisée de Disney. C'est qu'à la différence de la plupart des films d'animation chinois actuels, "Le roi singe" ne puise que très peu d'influences chez ses principaux compétiteurs mondiaux de l'époque, mais propose une œuvre profondément ancrée dans sa propre culture. Héritier direct de l'opéra chinois, "Le Roi Singe" est avant tout une comédie musicale basée sur une légende chinoise, où il fait bon se laisser entraîner. C'est parfaitement animé, avec un grand amour pour le moindre petit détail et avec un maximum de lieux et d'ambiances différentes.
Heureusement d'ailleurs, car l'action, elle, est un peu en reste avec une répétition trop prononcée pour d'innombrables scènes d'action et de combats durant lesquelles on saisit rapidement le Roi Singe savoir s'en tirer sans grande difficulté. Son invincibilité – par des tours toujours plus abracadabrants – ne fait bientôt plus craindre pour son personnage principal, dont l'égoïsme enlève également un peu de son charisme. Restent les adversaires, nombreux et assez truculents, l'incroyable bande-sonore et une ambiance de bout en bout joyeuse et prenante pour se délecter de ce petit classique du film d'animation.
